L’approche réflexive est-elle une panacée pour l’apprentissage des
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L’approche réflexive est-elle une panacée pour l’apprentissage des compétences dans le 3ème cycle de médecine générale ? Max Budowski*, Dan Baruch**, Raymond Wakim**, Thierry Mazard**, Eric Galam* * Pr. Associé de MG – ** MC Associé de MG
Introduction Ce sont les problèmes d’évaluations qui sont à l’origine des changements de paradigmes d’apprentissage, du « par cœur » à la « pédagogie par objectifs », puis à « l’approche par compétence », et enfin à « l’approche expérientielle réflexive ».
Objectif * Le 3ème cycle est un cycle de professionnalisation basé sur le paradigme d’apprentissage constructiviste (approche par compétence – APC). * Les techniques d’évaluation dans l’APC, certes moins parcellaires que dans la pédagogie par objectif, sont mal définies : elles ne permettent pas d’avoir une vision globale des compétences des individus à évaluer. * Objectif de notre exposé : montrer que le paradigme pédagogique « approche expérientielle et réflexive » peut améliorer les processus d’évaluation et de certification par rapport à l’APC.
Rappels * Un coup d’œil rapide sur 3 premières approches pédagogiques de l’apprentissage. * Chacune des ses approches a posé des problèmes. * La nouvelle essaie de résoudre les problèmes de l’approche précédente. * Il s’agit de : L’apprentissage par cœur ; La pédagogie par objectifs ; L’approche par compétences.
L’apprentissage par cœur C’est mémoriser une information le plus souvent sans tenir compte de son sens et la répéter si possible à l’identique au moment d’un examen. Cabricias arci thuram, catalamus, singulariter, nominativo hæc Musa, "la Muse", bonus, bona, bonum, Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, "oui", Quare, "pourquoi ?" Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus. Molière : Le médecin malgré lui, Acte II, scène 4.
La pédagogie par objectifs (PPO) L’évaluation porte essentiellement sur les résultats et non sur le processus intellectuel qui amènent les apprenants à cette conclusion. « Le savoir n’est pas un saucisson que l’on découpe en tranches fines : vous pouvez ranger soigneusement toutes les tranches les unes à côté des autres, dans l’ordre, vous ne reconstituerez jamais le saucisson d’origine ». DI MARTINO A., SANCHEZ A.M. (2011). Socle commun et compétences – Pratique
L’approche par compétences *L’apprenant n’est pas passif, il construit son savoir en cherchant à résoudre une situation problème qui a provoqué chez lui un décalage entre ses croyances et ses certitudes avec la réalité des faits : le conflit cognitif. *Permet d’acquérir de nouvelles connaissances et surtout modifier ces connaissances afin d’améliorer les performances de l’apprenant lorsqu’il sera confronté à de nouveaux obstacles.
L’approche par compétences, oui mais « La compétence est découpée en catégories et souscatégories multiples comme des poupées russes qui se renvoient les unes aux autres dans une logomachie qui embrouille le sens commun et entraîne un brouhaha pédagogique ». « Une telle formalisation aboutit à des listes d’items plus ou moins cohérents avec de nombreuses interactions, à l’origine d’un imbroglio ne pouvant qu’embarrasser les évaluateurs dans leur de aveugle des Le GOFF Jean-Pierre (1999). La barbarie doucedémarche – La modernisation certification ». entreprises et de l’école
Approche expérientielle réflexive “Reflection is an important human activity in which people recapture their experience, think about it, mull over and evaluate it. It is this working with experience that is important in learning”. * La réflexion est une activité humaine essentielle qui permet aux individus de se réapproprier leur expérience, de réfléchir, d’approfondir et évaluer leurs savoirs. Cette activité combinée avec l'expérience, est un élément essentiel dans tout apprentissage. * La pratique réflexive processus cognitif de type constructif réalisé au cours d’un apprentissage. * A pour but d’intégrer les réflexions à propos d’une situationproblème proposée et non de reproduire le mode de résolution de cette situation Boud, D., Keogh, R. & Walker, D. (1985). Reflection: Turning Experience into Learning. London: Kogan Page, p. 43.
Approche expérientielle réflexive John Dewey (1938) : le continuum expérientiel ; toute nouvelle expérience puise des ressources dans les expériences antérieures et modifiera certainement la qualité de futures expériences. Kurt Lewin (1939) : toute expérience provoque chez une personne une modification vis-à-vis d’elle-même, sur son environnement ou une modification des rapports entre cette personne et son environnement Michael Polanyi (1967) : lorsqu’on considère notre connaissance humaine, nous connaissons plus que ce que nous pouvons exprimer ». Argyris et Schön (1974) : la connaissance 2 origines, la connaissance dans l’action et la connaissance de l’action.
Approche expérientielle réflexive Approche linéaire de Dewey Approche circulaire de Lewin
Approche expérientielle réflexive Expérience concrète Expérimentation active PRATIQUER TRANSFERER Observation réflexive ANALYSER Conceptualisation abstraite GENERALISE R Approch e circulair e de Cycle Réflexif de Kolb (1984)
Approche expérientielle réflexive DESCRIPTION Que s’est-il passé ? PLAN PLAN D’ACTION D’ACTION FUTURE FUTURE Que Que feriez-vous feriez-vous si si un un tel tel cas cas était était de de nouveau nouveau rencontré rencontré ? ? RESSENTI Qu’est-ce que vous pensez ? Quel est votre sentiment sur ? CONCLUSION CONCLUSION Qu’est-ce Qu’est-ce qu’on qu’on aurait aurait pu pu faire faire d’autre d’autre ? ? EVALUATION EVALUATION Qu’est-ce Qu’est-ce qui qui est est bon bon ou ou mauvais dans cette mauvais dans cette expérience expérience ? ? ANALYSE ANALYSE Quel Quel sens sens donnez-vous donnez-vous à à cette cette expérience expérience ? ? Le cycle réflexif de Gibbs
Cycle réflexif de Gibbs *Stade de réflexion insuffisant en lui-même *Nécessité de mettre aussitôt en pratique les apports de l’apprentissage, permet au processus réflexif d’informer le professionnel sur sa pratique et sur son autonomie à agir. * ”It is not sufficient simply to have an experience in order to learn. Without reflecting upon this experience it may quickly be forgotten, or its learning potential lost. It is from the feelings and thoughts emerging from this reflection that generalisations or concepts can be generated. And it is generalisations that allow new situations to be tackled effectively». * Une expérience seule n’est pas suffisante pour satisfaire un apprentissage. En l’absence de réflexion sur cette expérience, soit les connaissances dégagées à l’issue de l’expérience peuvent être rapidement oubliées, soit le potentiel d’apprentissage disparait. C’est à partir des sentiments et des idées émergeant de cette réflexion que des généralisations ou des concepts peuvent être produits. Ce sont ces généralisations qui permettent à de nouvelles situations d’être abordées effectivement
Conclusion * La certification est une nécessité : l’étudiant en médecine doit prouver qu’il est capable de répondre dans son domaine de spécialité à la majorité des situations rencontrées sur le terrain, qu’il s’agisse de prendre en charge lui-même ou de savoir passer la main, s’il exerce la médecine générale, à un médecin spécialiste de second recours. * Il ne suffit plus d’écrire un simple mémoire comme antan pour obtenir le diplôme de docteur en médecine et avoir la possibilité d’exercer. * L’interne doit démontrer qu’il a suivi une formation de qualité et avoir validé des acquis de l’expérience durant ses différents stages. * Répondre à cette exigence nécessite d’appliquer de nouveaux modes d’apprentissage.
Références bibliographiques * ARGYRIS Chris, SCHÖN Donald (1974). Theory in Practice: Increasing professional effectiveness. Jossey-Bass Publishers, San Francisco * DEWEY John (1975). Démocratie et Education suivi de Expérience et Education [1938 . Trad. de Democracy and Education, An Introduction to the Philosophy of Education [1916], (1916) et de “Experience of Education [1938]. Paris, Armand Colin, Ed. 2011 * GIBBS Graham (1988). Learning by doing, a guide to teaching and learning methods. London, Further Education Unit, * GIBBS T., BRIGDEN D., HELLENBERG D. (2005). Encouraging reflective practice. Fam Pract, 47, pp. 5 - 7. * KOLB David A. (1984). Experiential Learning, experience as the source of learning and development. New Jersey, Prentice Hall PTR Englewood Cliffs, 253 p. * Le GOFF Jean-Pierre (1999). La barbarie douce – La modernisation aveugle des entreprises et de l’école. Alger, Casbah Editions, Ed. 2004. (Sciences sociales) * LEWIN Kurt (1939). Field theory and experiment in social psychology : concepts and methods. Amer. J. Soc., 44, pp. 868 - 896. * POLANYI Michael (1967).The Tacit Dimension. London, Routledge & Kegan Paul.
Cycle réflexif de Gibbs 1) La description de la situation expérientielle : C’est le contexte de l’événement. C’est une simple description, il ne s’agit pas de juger ce qui a été fait ni de tirer des conclusions * Quel était le fait ? * Qui était concerné ? * Qu’est-ce qui s’est réellement passé ? A quel endroit ? * Qu’est-ce que vous avez manqué ? * Avez-vous l'intention de mettre l'accent de votre réflexion sur la structure, sur le processus et/ou sur les résultats des soins ?
Cycle réflexif de Gibbs 2) Le ressenti : * Quel était votre ressenti avant ? Après ? * Quel était le ressenti des personnes qui travaillent avec vous ou à proximité ? * Quels ont été vos sentiments, vos émotions sur le moment ? Par la suite ?
Cycle réflexif de Gibbs 3) L’évaluation : * Quelle opinion avez-vous de vos propres jugements ? * De ce qui s’est bien passé ? Mal passé ? * Qu’est-ce qui était bien ou mal ? * Quelles ont été les conséquences pour les personnes concernées ? * Le problème posé a-t-il été résolu de façon satisfaisante ? Cette évaluation se base sur des jugements de valeur.
Cycle réflexif de Gibbs 4) L’analyse : Elle a pour but de repérer des éléments positifs ou négatifs qui n’ont pu être discernés quand le processus de réflexion était effectué dans sa globalité notamment les suivants * Quels sont les facteurs capables d’influer le résultat de cette expérience ? * Quels sont ceux qui ont pu entraver la réflexion ? La favoriser ? * Pour quelle(s) raison(s) ce problème s’était produit ? * D’autres personnes mises dans la même situation ont-elles réagi d’une manière différente ? * Que se passait-il tout autour de l’expérience ?
Cycle réflexif de Gibbs 5) Synthèse (conclusion de l’expérience) : Elle a pour objectif d’explorer tout ce qui aurait pu être fait différemment. * Pouvait-il y avoir d’autres alternatives de prise en charge ou d’approche du problème ? * Auriez-vous dû faire autrement, même si dans ce cas présent, cela s’était bien passé ? * Existe-t-il des éléments négatifs qui auraient pu être évités ? * Des éléments positifs plus efficaces auraient-ils pu être pris en compte ? * Que concluez-vous sur votre façon d’agir ?
Cycle réflexif de Gibbs 6) Plan d'action future : * Comment allez-vous vous comporter si la situation expérimentée se reproduit une nouvelle fois ? * Agirez-vous de la même façon ou différemment ? * Qu’allez-vous faire à l’avenir afin de réduire les éléments négatifs rencontrés dans une telle situation et accroitre au contraire les éléments positifs ? * Quelles nouvelles mesures allez-vous prendre sur la base de ce que vous avez appris ? * Qu’avez-vous encore besoin d’apprendre ? * Par quel(s) moyen(s) ?